La CGT, on le sait, a été durant des décennies, et encore aujourd’hui, le syndicat phare dans le système ferroviaire français.
Ses prises de positions pour le rail ont pu paraître bien souvent dogmatiques et monolithiques : il fallait tout mettre dans le train du fret, des voyageurs au quotidien, des trains à grande vitesse…
Cette époque, tremplin de l’effort d’après guerre, et mirage des trente glorieuses, ne peut perdurer dans monde ouvert, multiple, et sous contrainte de rentabilité financière.
Il faut néanmoins résister pour que le ferroviaire reste un secteur majeur du transport en France au service du plus grand nombre, du citoyen, de l’usager.
En parcourant l’article de J.PH. JOSEPH dans le périodique La CGT Ensemble ! d’avril 2016 on voit aujourd’hui la CGT inquiète d’une désaffection toujours plus forte des infrastructures du réseau secondaire notamment en Limousin.
C’est un constat bien amer qui est dressé par les personnels de la SNCF en charge de l’entretien des voies.
« Il y a sept kilomètres à moderniser entre Limoges et Clermont, raconte Loïc Geyl, le jeune secrétaire général adjoint des cheminots CGT. RFF (Réseau Ferré de France) a demandé aux deux régions de participer au financement. Le Limousin a dit oui, l’Auvergne non. Du coup les usagers vont en train jusqu’à Ussel, là, ils prennent un bus jusqu’à Volvic, puis à nouveau un train jusqu’à Clermont-Ferrand. Pour un temps de trajet plus long, bien sûr. »
Si la SNCF a « d’ores et déjà annoncé que 90% du réseau ne serait pas modernisé » on peut constater qu’elle n’esp pas seule en cause et que les Régions ne sont pas toujours à la hauteur du besoin manifeste de préservation du réseau ferré existant pour le bien des citoyens/contribuables/usagers.
Le CESER indique par exemple que la remise en état du réseau pour 300 millions d’euros est à mettre en perspective avec le coût de la LGV SEA dont elle ne représente selon J.PH.JOSEPH que 15%.
Précisons ici que le journaliste confond sans doute avec le coût global de la LGV SEA, qui si on l’assimile au seul tronçon de Tours-Bordeaux représente un coût de plus de 7,8 milliards d’euros.
Les 2 milliards d’euros dont il est question dans l’article (300 millions/15 et *100=2000 millions d’euros) sont très certainement le montant prévisionnel de la seule branche LGV Poitiers-Limoges[1] qui devait se construire en Limousin.
On voit bien que rajouté aux suppressions de service fret ferroviaire, aux fermetures de gares, à la réduction de service des TET… l’avenir du ferroviaire en Limousin s’assombrit de jours en jours.
Le président de la Région Auvergne, Laurent Wauquiez, ferait bien de réexaminer les choix de la région en matière ferroviaire.
Le Président de la nouvelle grande région ALPC, A. Rousset, devrait quant à lui prendre la mesure de ce déclin et réviser sa politique d’investissement ferroviaire pour éviter la gabegie dans des LGV qui assèchent le financement indispensable du réseau existant. La SNCF pour sa part devrait, par pragmatisme, contester sa tutelle étatique, laquelle, par des pressions politiques d’élus et de lobbies d’un autre âge, navigue à vue dans la gouvernance d’un système ferroviaire moribond.
LGVEA - 7 avril 2016
[1] On doit dire « qui devait se construire » puisque aujourd’hui, en avril 2016, cette LGV voit sa DUP contestée par les associations ayant porté recours auprès du Conseil d’Etat. Le rapporteur du Conseil d’Etat devrait dans les prochains jours demander l’annulation de la DUP qui pourrait ainsi être accordée, à sa demande, par le pôle contentieux du Conseil d’Etat.