Le dossier de la LGV Tours-Bordeaux rebondit.
Le bras de fer politico-économique qui oppose d’un côté SNCF et de l’autre LISEA, concessionnaire de la prochaine LGV Tours-Bordeaux, vient de voir une nouvelle étape franchies ces jours-ci.
Le gouvernement, par son secrétaire d’Etat aux Transports, Alain Vidalies, vient de donner raison à l’acharnement de quelques grands élus (tels A. Rousset, A. Juppé, M. Malvy ou J.L Moudenc) en portant de 16,5 à 18,5 allers-retours les navettes TGV qui devraient relier Paris à Bordeaux à partir de mi-2017.
C’est ce que nous conte Benoît Lasserre dans les colonnes de Sud-Ouest du 30 mars 2016 sous le titre « Il y aura 18,5 allers-retours Paris-Bordeaux chaque jour ».
Mais doit-on voir ici une victoire à la Pyrrhus pour ces élus et dirigeants qui vont devoir garantir la complétude du financement de cette LGV (il manquerait aujourd’hui 600 à 700 millions d’euros) et expliquer à SNCF que l’exploitation de ces navettes pourraient entraîner des grosses pertes dans le comptes de SNCF Mobilités ?
Tout ce gâchis retombera à terme sur le contribuable pour couvrir les engagements de l’Etat et des Collectivités Territoriales dans le contrat avec LISEA.
Pour information Benoît Lasserre rappelle l’apport de la Région ALPC et de la Métropole Bordelaise : « Le tronçon Tours-Bordeaux, rappelons-le, se construit dans le cadre d’un PPP piloté par la société LISEA, avec le soutien financier, à hauteur de 433 millions d’euros, de la Métropole et de la Région ».
N’oublions pas que le contrat avec LISEA était lié avec un protocole de financement de 2011 entraînant 58 collectivités territoriales en Aquitaine et Midi-Pyrénées.
Mais il faudra aussi expliquer à l’usager SNCF sur la ligne Paris-Bordeaux les augmentations de tarif inéluctables découlant de l’augmentation des péages perçus par LISEA en provenance de SNCF Mobilités, et le déséquilibre des comptes si, comme le craint Guillaume Pépy, PDG de SNCF, les navettes décidées génèrent des pertes d’exploitation : « Pour Guillaume Pépy, donner satisfaction à LISEA entraînerait une perte annuelle de 150 à 200 millions d’euros par an pour la SNCF ».
On sait par les apports LOTI que les trafics prévisionnels sont systématiquement gonflés pour tordre les décisions d’engagement dans les dossiers d’infrastructures LGV ; nous l’avons démontré et dénoncé plusieurs fois dans ces colonnes.
Guillaume Pépy, par son expérience acquise par des années dans le monde ferroviaire, s’inquiète donc à juste titre de voir toutes ces navettes peu remplies par des voyageurs confrontés aux temps de parcours et aux tarifs de plus en plus concurrentiels avec les compagnies aériennes lowcost, les bus, le covoiturage…
2017-2018 seront certainement des années cruciales et éclairantes pour des bilans économiques qui pourraient être plus contrastés pour les LGV que voudraient nous le faire croire les thuriféraires de ces infrastructures.
Nous craignons que l’avenir ne nous donne raison quand nous alertons, depuis des années, sur de tels stratagèmes mortifères pour l’usager/contribuable.
Les grandes manœuvres autour du GPSO montrent que certains grands élus persévèrent dans un modèle LGV/TGV dispendieux et obsolète.
Aux citoyens d’écouter dès maintenant ceux qui se veulent tout simplement « lanceurs l’alerte ».
5 avril 2016