RFF persiste et signe
On le répète depuis longtemps, notre système ferroviaire s’essouffle et le modèle TGV bat de l’aile.
Au-delà des causes profondes qui s’acharnent sur les équilibres financiers de l’ex SNCF (SNCF et RFF aujourd’hui EPIC –Etablissements publics à caractère industriel et commercial) telles que le déficit de certaines branches (fret et grandes lignes pour SNCF), les dettes en augmentation (28 milliards d’euros en 2010 pour RFF, 10 milliards pour SNCF)… il est un cancer qui ronge et qui n’est pas prêt de guérir : la compétition stérile et fratricide entre RFF et SNCF sur fond de libéralisme outrancier.
Guillaume PEPY, PDG de SNCF, avait déjà prévenu à plusieurs reprises : le découplage de SNCF et RFF depuis 1997 conduirait à une impasse.
C’est ainsi qu’il évoquait récemment[1], entre autres, le danger de la hausse continue des redevances fixées par RFF pour permettre la circulation des trains sur le réseau français, qui, en se répercutant sur le prix du billet, éloignerait l’usager du chemin de fer : « La hausse des péages demandés par RFF sur le réseau à grande vitesse afin de financer des travaux risque de se solder à terme par une fuite des usagers vers l'automobile ».
Aujourd’hui la crainte de Guillaume Pépy de voir sa balance commerciale plombée par de nouvelles hausses de redevances demandées par RFF semble se confirmer si l’on en croit un article de Sud-Ouest[2] que nous reproduisons ci-après.
« Réseau Ferré de France (RFF) a présenté hier ses propositions de hausse pour les péages acquittés par la SNCF. Elles prévoient un net relèvement, soit une hausse de 7,4% en 2013, des sommes que devront payer les TGV pour circuler. Un sujet de discorde entre les deux acteurs majeurs du train en France : RFF a besoin d’argent pour entretenir un réseau ferroviaire dégradé, alors que la SNCF affirme que ces hausses répétées ruinent la rentabilité de ses trains à grande vitesse. Les propositions de RFF vont être discutées et seront ensuite soumises à l’Autorité de régulation des activités ferroviaires ».
Gageons que l’ARAF, après d’âpres négociations à prévoir avec l’Etat, la SNCF et RFF, suivra certainement à la hausse les propositions de RFF puisque ont été déjà consenties des hausses encore plus importantes ces dernières années[3] : 6,4% en 2009, 11% en 2010, 11,7% en 2011.
Que penser alors d’une politique suicidaire pour le rail qui privilégie (malgré les allégations de RFF qui n’évoque trop souvent que la régénération indispensable du réseau existant pour laquelle tous s’accordent sur l’urgence) la construction de plusieurs milliers de km de voies nouvelles (LGV) qui viendront tout à la fois aggraver la dette de RFF et pousser à la hausse les redevances demandées à la SNCF pour rentabiliser de telles infrastructures ? Une spirale infernale dont on voit mal la fin et qui, dans le contexte socio-économique actuel, ne peut que scléroser nos opérateurs ferroviaires (voyageurs et fret) et dissuader l’usager, touché par une crise économique majeure et saigné dans sa capacité à consommer, à recourir au rail pour ses déplacements.
Jean-Robert Thomas 2 septembre 2011.
[1] Guillaume Pépy veut revoir la dissociation entre la SNCF et RFF, 28 mars 2011, site de l’AGEFI – source http://www.agefi.fr/articles/Guillaume-Pepy-veut-revoir-dissociation-SNCF-RFF-1173680.html 2 septembre 2011.
[2] Sud-Ouest, édition Sud-Gironde du 2 septembre 2011, page 7.
[3] Voir l’article d’ Anna Rousseau dans Challenges – source http://www.challenges.fr/actualite/entreprise/20110901.CHA3631/avec-ses-nouvelles-augmentations-de-peage-rff-met-la-sncf-au-pied-du-mur.html du 1 septembre 2011.