RFF ajuste son tracé LGV du GPSO
Lors du dernier Conseil Municipal de Saint Médard d’Eyrans (8 octobre 2012) il a été fait état d’une récente réunion (5 octobre) de la Commission Consultative[A] de la Gironde sur le projet GPSO organisée conjointement par RFF et le sous-préfet de Langon.
Les compte rendus de cette réunion sont diffusés aujourd’hui sur le site de RFF et sont consultables par les liens suivants :
http://www.gpso.fr/presentation_RFF_CC_33_octobre2012.pdf
http://www.gpso.fr/releve_echanges_CC33_octobre_2012.pdf
, que vous nous recommandons de consulter attentivement.
Que doit-on retenir brièvement de ces présentations ?
Il s’agit bien sûr que « d’ajustements » de la part de RFF dans le dossier GPSO dont le tracé a été validé par le Premier Ministre le 30 mars 2012.
Toutefois ces ajustements peuvent avoir des répercussions assez importantes localement pour les Girondins, et les habitants de l’Arruan plus précisément.
On notera que le projet GPSO rassemble notamment la construction d’une troisième voie classique entre Bordeaux et Saint Médard d’Eyrans en parallèle des voies existantes et la construction de la LGV sur le trajet commun au sud de Bordeaux (Bordeaux – Captieux) qui devrait desservir l’axe Toulouse et l’axe Hendaye- frontière espagnole. Ces deux projets devront être soumis à deux enquêtes d’utilité publique (EUP) à l’horizon fin 2013.
La modification essentielle dans le territoire de l’Arruan réside dans l’abandon du déplacement de la voie actuelle[B] entre Saint Médard d’Eyrans et Ayguemorte-les-Graves et le remplacement d’un ensemble de 3 viaducs par un seul pour le débranchement voie classique/voie LGV au sud de Saint Médard d’Eyrans.
Cette nouvelle disposition technique minimise l’impact foncier sur le territoire mais n’occulte pas les problèmes résiduels dont :
- le rejet vers l’est de la D214 avec son reprofilage au droit du Château d’Eyrans
- le maintien d’un « triangle ferroviaire » voie classique/LGV autour du quartier de Thion avec les nuisances afférentes (bruit, vue, dépréciation des biens…)
- une incertitude quant à une vraie protection acoustique des populations (« les aménagements acoustiques seront réalisés là où ils seront nécessaires »)
- la construction du « saut de mouton » pour le débranchement voie classique/LGV en viaduc
- l’impact sur la vallée du Gât-Mort et du Saucats
- l’incertitude quant à la suppression du PN17 souhaitée par la commune d’Ayguemorte-les-Graves
Plus au sud le projet de base travaux GPSO (estimation 8 à 10 hectares) se confirme sur la commune de Saint Selve, secteur du Banquet en bordure est de l’aire de service de l’A62. Elle devrait, comme on l’observe aujourd’hui sur le chantier LGV Tours-Bordeaux, être génératrice de nuisances (bruit, circulation de trains, de camions, d’engins de chantier, production de poussières…).
De même le quartier de Roqueton à Castres-Gironde reste sous le risque des nuisances d’une LGV située à 250-300m. Le viaduc (longueur 400m !) qui doit assurer le passage de la vallée du Gât-Mort reste comme une monstrueuse infrastructure dans un environnement viticole et naturel protégé.
Ces données topologiques restent toutefois à préciser en fonction des études en cours d’un impact de la LGV sur les sources d’eau potable de Bellefond.
On n’oublie pas plus au sud les problèmes rencontrés sur Saint Léger de Blason qui doit recevoir une sous-station pour l’alimentation électrique de la LGV et l’établissement conjugué (et découlant de l’accroissement de consommation électrique pour la LGV ?) d’une centrale photovoltaïque.
Au-delà des conditions techniques liées à l’implantation de la LGV on ne doit pas oublier les implications annexes.
Le financement des études RFF pour le GPSO provient de nos impôts via l’apport de l’Etat, du Conseil Général de la Gironde, du Conseil régional d’Aquitaine… à hauteur de 19,5 M€ pour la seule poursuite des études[C] jusqu’à l’EUP.
A cela il faut rajouter les engagements financiers demandés aux collectivités territoriales (encore nos impôts) pour l’acquisition anticipée du foncier sur les communes étant sur le tracé de la LGV (à hauteur de 16,5 M€ avec les anticipations de boisements compensateurs). Cette disposition nous semble, sous couvert d’un « soutien » aux propriétaires en attente de vente ou aux agriculteurs en attente de remembrement), une manœuvre visant au mitage du territoire qui s’imposerait ensuite comme un moyen de levier pour obliger les autres propriétaires environnants à une cession « à l’amiable »[D] de leurs biens à RFF.
Les documents d’urbanisme en vigueur sur les communes touchées par le GPSO devront être révisés pour accepter les impositions venant de la Déclaration d’Utilité Publique : cela conduira à des bouleversements dans l’occupation des sols et aura des conséquences sur le zonage pour les propriétés privés et les espaces publics.
On remarquera que les « ajustements » proposés par RFF lors de cette réunion de la Commission Consultative de la Gironde n’ont été à aucun moment débattus en concertation avec les premiers intéressés, à savoir les habitants des territoires. Le responsable RFF, rencontré lundi 15 octobre sur le site d’un sondage/carottage, confirme qu’il n’est pas prévu de réunion de concertation avant plusieurs mois avec les habitants ou les associations qui les représentent : preuve à nouveau que la « concertation » reste souvent qu’une « consultation » au mieux, un déni de démocratie surement.
Rappelons à ce sujet que toute opération de sondage/carottage sur des terrains privés, commandée par RFF et exécutée par une société sous-traitante, doit être menée en respect strict des réglementations[E] en vigueur et après notification légale aux propriétaires (cf. Loi du 29 décembre 1892, version consolidée du 14 mai 2009, consultable par le lien http://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do;jsessionid=861BC8E558C0C6495B6F789C4604F892.tpdjo02v_3?cidTexte=LEGITEXT000006074082&dateTexte=20121019 ). N’hésitez pas à joindre notre association si vous êtes confrontés à cette procédure (LGVEA, 2 avenue du 8 mai – 33650 –Saint Médard d’Eyrans _ Mail : lgv.environnement.arruan@gmail.com _ Tél : 09 61 32 03 59).
Restons mobilisés et vigilants.
Le refus des LGV pour cause de « non utilité publique » s’apparente à la lutte pour une vraie démocratie.
Indignez-vous ! disait Stéphane Hessel, l’indifférence étant la pire des attitudes.
Jean-Robert Thomas 19 octobre 2012
[A] Cette Commission ne rassemble que des acteurs institutionnels (Communes, Communautés de Communes, Conseil Général et Régional,…). Voir http://www.gpso.fr/liste_membres_CC2010-2011_33.pdf .
[B] Les documents antérieurs faisaient état d’un déplacement de la voie actuelle Bordeaux-Sète par un ripage de celle-ci sur plusieurs dizaines de mètres vers l’ouest ce qui venait mettre à mal la survie du hameau de Thion sur Ayguemorte-les-Graves.
[C] Il faut savoir que les études RFF pour le GPSO ont déjà fait l’objet de conventions de financement avec l’Etat et les collectivités territoriales pour près de 70 M€.
[D] Ces pratiques ont été déjà dénoncées par les associations sur les projets de LGV en Poitou-Charentes, sur Paris-Strasbourg, pour Rhin-Rhône.
[E] L’entreprise demandeuse pour accéder aux terrains publics ou privés en vue de carottage géologiques doit faire une demande officielle de renseignements auprès des exploitants de réseaux (mairies) et déposer une DICT (voir par exemple sur http://www.dict.fr/dict/ ). Elle doit aussi pour les propriétés privées recueillir l’accord du propriétaire après avoir déposé sa demande d’accès au terrain par lettre recommandée avec accusé de réception. On devra se rapporter à l’arrêté préfectoral en date du 30 octobre 2009 consultable sur le lien suivant http://www.gpso.fr/arrete_prefectoral_janv10_33.pdf )