Revue de presse Août 2011
Ce mois d’août, période de vacances oblige, a été peu fourni en matière d’articles de presse, sur les transports en général, et plus particulièrement sur la LGV du GPSO.
Toutefois, comme à l’accoutumée, le tam-tam médiatique a résonné plus particulièrement dans le Pays Basque.
Ainsi dés fin juillet, dans cette terre de résistance, les associations de défense de l’environnement (Nivelle-Bidassoa et CADE notamment) ont rappelé fermement qu’elles voulaient « un vrai débat démocratique » sur le GPSO en Pays Basque[1].
Elles répondent aux « incantations modernistes » du président de la Région Aquitaine, Alain Rousset, en précisant que le gain de temps espéré par la mise en œuvre d’une LGV en Pays Basque par rapport aux lignes existantes modernisées serait « peu significatif ». Par ailleurs elles rappellent qu’un « train à 300 km/h consomme 3 fois plus d’énergie qu’à 200 km/h et que l’essentiel de l’énergie électrique pour la traction sera d’origine fossile pour les GPSO ».
Enfin, contestant les déclarations d’Alain Rousset qui semble ne pas vouloir reconnaître les cabinets indépendants CITEC et SMA Progtrans comme des experts du transport ferroviaire (pourtant reconnus pour leurs compétences en la matière même par RFF), les associations basques reprennent les conclusions de ces cabinets, et celles plus récentes du CGEDD[2], pour rappeler que la saturation des lignes existantes ne pourrait arriver qu’à l’horizon 2030, voire 2035 selon la conjoncture économique.
Or les pouvoirs publics (ministres et préfets) indiquent de plus en plus clairement que la LGV en Pays Basque ne pourrait être engagée qu’au terme d’une saturation des voies existantes.
C’est ce qui ressort, après les déclarations de personnalités s’opposant à une trouée du Pays Basque Nord par la LGV (par exemple Michelle Alliot Marie et Bruno Lemaire), des récentes rencontres entre le Ministère des Transports et les élus basques. Tout ceci fait dire dans les colonnes d’eitb.com[3] que toutes ces informations contradictoires « virent à la cacophonie ».
L’étude du CGEDD, qui évoque une saturation des voies existantes vers 2030-2035, conduit aujourd’hui l’Etat, par la voix du préfet des Pyrénées Atlantiques, à proposer la création d’un « Observatoire des voies actuelles », organisme qui serait chargé d’évaluer au fil de l’eau les flux réels et prévisionnels pour le ferroviaire fret et voyageurs en Pays Basque.
On peut regretter que cette initiative, qui pourrait éclairer le débat si elle était menée en toute transparence, ne soit limitée qu’au Pays Basque.
Doit-on y voir la marque d’une contestation constante et soutenue des associations et des élus locaux de cette région reconnue pour son sentiment de fierté et d’indépendance historique ? On pourrait souhaiter que cette « résistance » (au sens de Stéphane Hessel qui prône la résistance en s’engageant) diffuse plus dans les autres parties de l’Aquitaine et de Midi-Pyrénées, et soit beaucoup plus soutenue par certains de nos élus locaux.
Pour ce qui concerne LGVEA nous suivrons l’appel du CADE « à ne pas se démobiliser et à rester solidaires », car le GPSO constitue un tout, et nous ne devons pas être leurrés par les manœuvres de fragmentation qu’utilisent l’Etat et les grands institutionnels pour casser la dynamique associative qui se bat pour la préservation des territoires et un service public du rail pour tous.
Il faudra sans doute continuer à informer et expliquer sans cesse car de nombreux thuriféraires des LGV (RFF bien sûr et ses partenaires du BTP, mais aussi le ministère des transports, les présidents des régions Midi-Pyrénées et Aquitaine…) s’obstinent dans des axiomes dépassés qui occultent la réelle utilité publique, l’état d’endettement de l’Etat, de RFF, de SNCF, le basculement énergétique d’un Monde aux ressources naturelles limitées, le besoin de recentrage des modes de production auprès des sites de consommation…
Preuve de cet aveuglement, les assertions d’Alain Rousset pour justifier une LGV qui ne peut satisfaire à ces exigences technico-économiques incontournables qui font répondre[4] au CADE que « Rousset décolle…complètement ».
Saturation de la ligne existante, estimation des trafics, validité du modèle TGV face aux besoins d’une majorité d’usagers qui utilisent le TER, la LGV comme outil de métropolisation et d’assèchement des zones intra urbaines, rentabilité socioéconomique non prouvée du GPSO… autant de disputes entre un président de région « droit dans ses bottes » et un milieu associatif qui, par une expertise acquise par une lutte depuis bientôt deux décennies, soutient que ce n’est pas « le bon choix » de poursuivre le rêve technologique (technocratique ?) du tout TGV.
Rappelons à cette occasion que, pour le milieu associatif, le combat contre la LGV, et pour l’aménagement des voies existantes, dépasse largement le clivage politique français quoiqu’en dise Alain Rousset quand il place ses « banderilles » médiatiques[5] en « félicitant les manifestants [anti-LGV] pour leur accord avec Madame Alliot-Marie ».
On se souviendra d’ailleurs que les défenseurs du territoire face au GPSO ne politisent pas leur action en voyant qu’ils s’affrontent aussi bien avec les représentants de la gauche (exemple les présidents des régions Midi-Pyrénées ou Aquitaine) qu’avec les « officines » de droite (préfets, ministres, conseillers…).
C’est d’ailleurs à ces derniers que l’on peut penser quand des actions judiciaires sont engagées par certaines associations comme dernièrement l’association « LGV Les Voix du fuseau nord » qui œuvre dans les Landes.
Ainsi peut-on apprendre par Sud-Ouest[6] que cette association este en justice pour dénoncer les possibles manœuvres d’un conseiller au Ministère de l’Economie qui aurait utilisé sa position pour influencer le tracé de la LGV sur la commune d’Uchacq-et-Parentis. On suivra avec attention une telle procédure qui se double d’une demande auprès de Dominique Baudis, nouveau défendeur des droits, qui juge leur dossier « recevable ».
Cela pourrait d’ailleurs faire jurisprudence pour d’autres « interventions » de certains élus locaux ou de personnalités locales qui auraient pu intervenir auprès d’instances dirigeantes afin d’influer sur les choix des fuseaux du GPSO en Arruan en 2010…On suivra avec attention le traitement de la plainte de l’association landaise.
Nous terminerons cette rapide revue de presse par l’information parue[7] dans La Dépêche du 26 juillet dernier. Elle prouve que certaines associations, persuadées d’être dans le vrai quant à l’analyse du dossier GPSO, font preuve de persévérance et de résilience pour obtenir d’être véritablement entendues des pouvoirs publics.
Ainsi la « Coordination 47 pour les voies existantes » interpelle le député maire d’Agen afin qu’il intervienne auprès de Nathalie Kosciusko-Morizet, non pas pour modifier le tracé d’une LGV qui ne semble pas se justifier aux yeux des habitants du Lot et Garonne, mais bien pour obtenir qu’une vraie concertation s’installe entre associations et Ministère. Cela ne semble pas être dans les pratiques du Ministère, même s’il s’en réclame dans sa rubrique Internet « Associations » par la déclaration[8] : « Le ministère entretient de longue date un partenariat solide avec les acteurs de la société civile que sont les associations ».
La Coordination 47 attend depuis mai 2010, malgré plusieurs relances, un signe d’ouverture de dialogue de la part du Ministère !
LGVEA s’inscrit dans cette volonté tenace affichée par La Coordination 47 pour obtenir un rendez-vous avec la Ministre, qui comme le rappelle Charles d’Huyvetter, président de l’association TGV en Albret, avait bien reçu précédemment des associations du Tarn et Garonne.
F Info de dernière minute : Il semble que la persévérance paie puisque La Coordination 47 vient d’obtenir ce 4 septembre 2011 un rendez-vous[9] le 6 septembre avec le Directeur de Cabinet de Nathalie Kosciusko-Morizet ! Affaire à suivre.
Bonne lecture.
Jean-Robert Thomas 5 septembre 2011.
[1] Nous voulons un vrai débat démocratique, Sud-Ouest, 22 juillet 2011. http://www.sudouest.fr/2011/07/22/nous-voulons-un-vrai-debat-democratique-457500-652.php
[2] Voir le rapport en deux parties émis par le Conseil Général de l’Environnement et du Développement Durable (CGEDD) en mai 2011. Rapports n°007450-01et 02 sur site CGEDD http://www.cgedd.developpement-durable.gouv.fr/les-derniers-rapports-r43.html
[3] Voir l’article du 2 septembre 2011. Source http://www.eitb.com/fr/infos/societe/detail/728990/lgv-pays-basque--sons-cloche-differents-virent-cacophonie/
[4] Voir l’article de Victor Pachon, président du CADE, dans le Journal du Pays Basque en date du 9 août 2011. Source http://www.lejpb.com/paperezkoa/20110809/283803/fr/Rousset-decolle.-completement
[5] Voir l’article de Sud-Ouest du 23 juillet 2011 « Les anti LGV face à Alain Rousset ». Source http://www.sudouest.fr/2011/07/23/les-anti-lgv-face-a-alain-rousset-458373-626.php
[6] Voir l’article de Sud-Ouest du 1 septembre 2011 « Le fuseau LGV et le défenseur des droits ». Source http://www.sudouest.fr/2011/09/01/le-fuseau-lgv-et-le-defenseur-des-droits-487428-731.php
[7] Voir l’article « Agen. Les anti-LGV ont obtenu une entrevue surprise » dans La Dépêche du 26/07/2011. Source http://www.ladepeche.fr/article/2011/07/26/1135175-agen-les-anti-lgv-ont-obtenu-une-entrevue-surprise.html
[8] Voir site du MEEDDAT. Source http://www.developpement-durable.gouv.fr/Qui-peut-beneficier-d-une.html
[9] Voir info sur site TGV en Albret. Source http://www.tgv-albret.fr/