Le Conseil Général de la Gironde donne son avis sur le GPSO
Depuis mi-2011 le préfet de la Région Aquitaine en charge du pilotage du Grand Projet du Sud-Ouest (GPSO, lignes à grande vitesse au sud de Bordeaux sur les axes Bordeaux-Toulouse et Bordeaux-Espagne) consulte les élus pour connaître leur avis sur cette LGV.
Le Conseil Général de la Gironde (CG33) a rendu un avis en Commission Permanente le 28 novembre 2011(voirdoc1 http://sd-2.archive-host.com/membres/up/8889538985686605/docs_gene/Delib_CP_CG33_28_nov_2011.pdf).
Rappelons que le CG33 avait déjà voté en séance plénière du 28 juin 2010 la convention de financement pour la LGV Tours-Bordeaux (voir doc2 http://sd-2.archive-host.com/membres/up/8889538985686605/docs_gene/Compte_rendu_succinct_de_la_reunion_pleniere_CG_24_juin_2010.doc).
Que pouvons-nous retenir du dernier avis de la Commission Permanente ?
On peut y voir tout d’abord la réaffirmation de la volonté pour la majorité des élus du CG33 d’accompagner et de financer les projets de LGV en Aquitaine et au-delà.
Car les décisions successives du CG33 en la matière s’accordent pour autoriser tout à la fois les études (1,7 millions d’euros) et la réalisation des LGV (dont 158 millions d’euros pour la seule ligne Tours-Bordeaux). Il faudra attendre 2013, après l’Enquête d’Utilité Publique pour le GPSO, pour connaître le montant de la convention de financement qui sera signée entre l’Etat, RFF et le CG33 sur ces LGV au sud de Bordeaux, mais l’on peut penser que ce dernier sera appelé au tour de table bien plus que pour Tours-Bordeaux[I].
Ce 28 novembre 2011 le CG33 parle « d’un avis favorable au projet de tracé GPSO sous réserve qu’un certain nombre de recommandations soient prises en compte ».
Plusieurs recommandations sont en effet portées dans la délibération de la Commission Permanente mais seront-elles vraiment retenues, dans quelques années, quand viendra l’adjudication des LGV à un concessionnaire comme cela a été acté pour Tours-Bordeaux (Vinci, Bouygues, Effiage… ?). On peut être circonspect sur ce point quand on voit le combat mené par les communes girondines du Nord-Gironde pour faire respecter par Vinci (Coséa) les conditions techniques négociées quelques années auparavant avec RFF.
Le CG33, pour le GPSO, entend réclamer le rétablissement des voies départementales (point1), ainsi que les pistes cyclables et chemins de randonnées (point2). Il souhaite que des études soient menées sur l’impact du GPSO dans le respect des rivières et des ressources en eau (point8). Il demande une attention toute particulière à la réalisation des protections tant phoniques que visuelles sur l’ensemble de l’itinéraire (point9).
Le CG33 évoque aussi (point14) des mesures compensatoires face aux impacts de ce projet (foncier espaces naturels, agricoles ou forestiers, acquisitions foncières d’opportunité, Fond de Solidarité Territoriale, redevance annuelle aux communes…).
S’il souhaite qu’à l’identique de la LGV Tours-Bordeaux un cahier des engagements communaux mais aussi départementaux puisse être signé entre RFF, l’Etat et chaque collectivité concernée, cahier rassemblant les engagements que devra respecter le futur maître d’ouvrage de la Ligne Nouvelle, il faudra se souvenir que cela ne constitue pas semble-t-il des « tables de la loi » quand on lit ça et là les déboires rencontrés par les communes du Nord-Gironde pour faire respecter de tels souhaits par Vinci.
Michel Boutant, président du CG de la Charente, peut être témoin de la lutte engagée avec Coséa, comme, plus au Nord, l’exemple sur la commune de Saint-Branchs où des agriculteurs voient leurs terres disparaître dans l’emprise LGV. Des dizaines d’exemples peuvent être trouvés dans la presse qui retracent de tels manquements aux « engagements » initiaux.
Le CG33 montre qu’il souhaite protéger en priorité les institutions (Conseil général, Communes…) et leurs infrastructures (routes…).
Cela reste toutefois fragile face au pouvoir du BTP qui sera le grand gagnant dans les Partenariats Public-Privé (PPP), et cela d’autant plus que tous s’accordent pour dire que demain les nouvelles LGV seront moins rentables, donc plus difficiles à financer par les PPP, ce qui durcira les conditions technico-économiques des contrats. Il y a fort à parier que les habitants expropriés, les riverains restants auprès de l’emprise des voies dans les zones de bruit, les zones naturelles et leur faune/flore… soient les premiers perdants de tels combats économiques où l’on parle en milliards d’euros !
Or ce sont tous les habitants de la Gironde (et du Grand Sud-Ouest) qui seront taxés pour leur contribution au financement du GPSO.
Dans ce cadre tous nos élus, et ceux du Conseil Général de la Gironde plus particulièrement, devraient prendre conscience de l’impasse économique et financière qui s’affirme dans les prochaines années. Les contribuables se rappelleront peut être alors que Philippe Madrelle insistait en début de séance du Conseil Général du 24 juin 2011 sur l’état financier du département, les difficultés de trésorerie, les contraintes budgétaires et qu’il revenait notamment sur le besoin accru de financement du RSA (155 millions d’euros), l’écart de 120 millions d’euros entre les ressources en provenance de l’Etat et les dépenses du Conseil Général.
Doit-on privilégier des infrastructures technologiques (LGV, TGV) qui ne pourront profiter qu’à une fraction de la population au détriment d’investissement dans les domaines de la santé, du social, de l’enseignement… ?
Ne faut-il pas mettre des ressources aujourd’hui limitées dans les voies ferrées actuelles et dans les vecteurs d’un transport pour tous (TEOZ, TER…) ?
Il faudra peut être beaucoup plus que des déclarations d’intentions et de vagues accords Etat -RFF - CG pour empêcher d’engager la Gironde, et l’Aquitaine, dans des projets pharaoniques qui ne constituent plus des infrastructures qualifiées « d’utilité publique » et ne sont, aux dires mêmes des élus territoriaux, qu’à la charge de l’Etat.
La responsabilité de nos élus se jugera à leur capacité à discerner le vrai besoin de leurs concitoyens en la matière.
Pour notre part nous avions donné notre avis au préfet par un courrier en date du 17 octobre 2011 que vous pouvez consulter par le lien suivant http://lgvea.over-blog.com/article-lgvea-repond-au-prefet-d-aquitaine-87559643.html
Jean-Robert Thomas 6 janvier 2012
[I] Rappelons que la LGV Tours-Bordeaux n’intervient que sur 31 km dans le département de la Gironde ; ce sera beaucoup plus pour le GPSO.