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4 avril 2012 3 04 /04 /avril /2012 09:09

 

 

La grande vitesse : un mode de société ?

 

Notre société dite « moderne » est pénétrée par la grande vitesse.

Il faut travailler, communiquer, se déplacer toujours plus vite au risque de se voir dépassé, « has been » comme le rappelle souvent l’anglicisme entendu ici et là.

Si cela devient un fait sociologique accepté par une frange de nos contemporains peut-on encore aujourd’hui en faire une règle de vie pour tous ?

Car aller vite en tout revient à consommer plus (plus de déplacements, plus d’énergie, plus de matières premières…) souvent au seul bénéfice de quelques uns -l’élite- mais discriminant pour l’immense majorité de nos concitoyens.

L’époque actuelle, dans le tourbillon d’une crise économique mondiale qui plombera notre vie future pour de nombreuses années encore, s’installe aussi dans une crise écologique majeure qui nous dicte au minimum une société durable empreinte de modération dans la consommation des ressources énergétiques.

La période électorale majeure qui va se clôturer dans quelques semaines doit nous faire découvrir ceux qui embrasseront les principes d’une société durable qui pourrait satisfaire au mieux le juste besoin pour le bien du plus grand nombre.

 

L’exemple des projets de LGV en France, et leur promotion ou pas par les responsables politiques en lutte pour le poste suprême, pourrait être le signe d’une nouvelle ère sociale où le nécessaire prendrait enfin le pas sur le superflu.

 

Voyons rapidement dans la communication du panel des candidats ce qui est marquant sur le sujet.

 

F. Hollande parle[I] de relancer « la politique des transports pour lutter contre la fracture territoriale qui exclut une partie des habitants de l’accès aux emplois et aux services publics ». Sa priorité sera « d’apporter, tant en Ile-de France que dans d’autres régions, une réponse de qualité de service des trains au quotidien et à la desserte des territoires enclavés, ainsi qu’au développement des plateformes multimodales ».

La formule peut séduire mais reste toutefois alambiquée (que met-on sous le terme « territoires enclavés ») : certains élus PS comme A. Rousset ou M. Malvy y verront peut-être un blanc seing pour pousser leur projet de LGV entre Bordeaux, Toulouse et la frontière espagnole (pour environ 15 milliards d’euros !).

 

N. Sarkozy n’a pas caché par ses déclarations dans les derniers mois, et par la politique des transports de ses ministres dans son quinquennat, qu’il souhaitait poursuivre et amplifier le réseau LGV en France sans mettre toutefois en balance les moyens indispensables pour juguler l’hémorragie d’un fret ferroviaire en perdition et redonner au réseau classique les performances pour le transport voyageurs qui devrait être une réponse au transfert modal (route-avion è ferroviaire) si souvent évoqué mais si peu soutenu jusqu’à présent. Le « rattrapage » récent du plan SNCF/RFF, qui a provoqué par ailleurs un bouleversement dans des centaines d’horaires pour les usagers, mettra des années pour limiter simplement la catastrophe d’un réseau ferré qui aura perdu des milliers de km de voies et des centaines de gares dans les dernières décennies. Ses quelques indications pour son programme « transports » transmises à Mobili-Cités ces derniers jours ne peuvent rassurer tous ceux qui voudraient un vrai report modal pour un transport accessible à tous sur le plan spatial et économique.

 

E. Joly avec EELV veut un plan transport qui privilégiera « la proximité à la grande vitesse ». EELV a bien compris aujourd’hui que le couple TGV/LGV n’était pas la bonne réponse énergétique et sociale au besoin de transport du citoyen et au report modal massif que les prochaines décennies vont nous imposer. De partout ses élus finissent par faire le constat de la gabegie énergétique et financière[II] qui accompagne les infrastructures à grande vitesse dans toutes les régions : coût au km exorbitant pour quelques minutes gagnées, gares TGV ex urbanisées non rentables…

 

J.L. Mélenchon pour le Front de Gauche choisit dans son programme de « favoriser le développement des transports publics de proximité et leur gratuité ».

Il fixe des priorités qui n’évoquent pas la poursuite des LGV tous azimuts mais se recentrent plutôt sur un report modal accru : « Nous développerons le transport ferroviaire et fluvial et le transport maritime côtier. Nous favoriserons le ferroutage, en régénérant, modernisant et adaptant les réseaux existants, en baissant les tarifs ferroviaires voyageurs et en  fixant un prix unique au kilomètre. Nous inscrirons dans la loi le wagon isolé (messagerie ferroviaire) comme un service d’intérêt général, éligible pour des subventions publiques. Nous lancerons un grand plan ferroutage avec comme objectif que tous les camions traversant notre pays entre la frontière belge et la frontière espagnole passent sur des trains ».

Ses partenaires politiques historiques auront peut être quelque nostalgie pour le fleuron de la SNCF (TGV) mais un plan rail de cette envergure, tant pour le fret que le transport voyageurs, ne devrait pas leur déplaire.

 

F. Bayrou pour sa part reste assez disert dans son programme sur les grands axes d’une politique des transports. S’il évoque brièvement qu’il souhaite favoriser « l’efficacité énergétique du logement et des transports » et « maintenir les services publics de proximité dans les territoires », on ne voit pas s’il entend privilégier des transports performants, sobres énergétiquement et répondant tout d’abord aux besoins des transports de proximité (TER, TEOZ…).

Si le MODEM a quelquefois montré sa réticence pour des infrastructures LGV comme celle de la branche Poitiers-Limoges (« Parce qu'elle n'est pas prioritaire, parce qu'il y a mieux à faire à court et à moyen terme, à cause de son impact économique, pour les contribuables, et écologique, pour les territoires traversés nous nous prononçons contre le projet actuel de ligne LGV Poitiers – Limoges »), ses élus aquitains souhaitent toutefois une LGV en Béarn puisque le projet SEA/GPSO donnerait déjà la grande vitesse aux grands élus du PS (Royal, Rousset, Malvy) !

Bataille de chapelles qui laisse de côté le réel besoin prioritaire en transport de proximité des habitants du Sud-Ouest.

 

M. Le Pen reste elle aussi dans des généralités faciles concernant les infrastructures de transports comme on peut le lire dans son programme. Si elle brandit elle aussi  l’épouvantail sans fondement du « désenclavement », elle reste dans le flou en écrivant : « Il convient par ailleurs d’assurer une grande complémentarité entre les lignes à grandes vitesse et les régionaux ».

Pas de prise de position ni de priorité entre des LGV et le réseau classique.

Si elle poursuit en suggérant que la France pourrait reprendre la main sur l’Europe dans sa politique de transports (comment ?), c’est sans préciser les moyens qu’elle entend se donner pour redonner vie au fret moribond : « Le train est aussi une alternative au « tout camion », mode de transport dont les conséquences sont dramatiques : encombrement des autoroutes, accidents, pollution… Il convient, grâce au ferroutage et au transport fluvial de diminuer le volume des marchandises transportées sur autoroutes. Ce n’est pas parce que la France est traversée par les grands axes d’Europe occidentale qu’elle doit en subir les servitudes sans réagir ».

 

Nous arrêterons là l’analyse car nous pourrions difficilement trouver chez les autres candidats des propositions claires et affichées sur leurs choix et leurs priorités entre LGV et réseau classique dans le transport ferroviaire même si ça et là ils entendent souvent défendre ce dernier (fin du processus européen de libéralisation chez N. Dupont-Aignan, opposition à la concurrence chez P. Poutou…).

Dans une Europe gréco-latine (Grèce, Portugal, Italie, Espagne, France) qui souffre de crises socio-économiques à répétition il est urgent de clarifier nos priorités pour des transports durables au service du plus grand nombre de nos concitoyens.

Déjà certains pays (Portugal, Espagne…) ont tranché en abandonnant des projets pharaoniques et dispendieux de LGV pour se concentrer sur le maintien d’un réseau classique performant.

Verrons-nous, comme le suggérait récemment un conseiller général MODEM, nos futurs élus mettre en place une politique avec « la conscience plutôt que la consigne » ?

Nous ne pouvons que l’espérer pour revenir enfin à un vrai service public des transports.

 

 

 

Jean-Robert Thomas                    4 avril 2012

 

 

 

 

   

 



[I] Engagement n°28 de son programme « Le changement, c’est maintenant ».

[II] On pourra lire avec intérêt différents articles, déclarations… qui montrent que EELV combat dorénavant pour un transport ferroviaire qui tournerait le dos au tout LGV/TGV : http://europeecologielesverts-idf.fr/notre-projet/4350-transports-amenagement/  ou  http://alsace.eelv.fr/2012/02/08/50me-par-minute-gagnee-les-vrais-comptes-du-tgv/ ou http://drome.eelv.fr/gare-tgv-dallan/ .

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Bon visionnage. J.R . Thomas

 

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