Je ne résiste pas aujourd'hui à rebondir sur un article paru dans le Canard Enchainé du 24-11-2021.
Le journal titre: "Des dépenses à grand train".
On apprend que le projet "Eole" de la SNCF a un dépassement annoncé de 1,7 milliards d'euros.
Pour 55km de prolongement de la ligne E du RER parisien le budget initial de 3,7 milliards d'euros (67 millions d'euros du km) est ainsi explosé alors que l'on prévoit une mise en service entre 2023 et 2025.
Si la SNCF avance quelques arguments pour justifier ce dépassement monstrueux les élus du Conseil Régional d'Ile de France s'étranglent et lancent une mission d'information et d'évaluation pour comprendre ce dépassement budgétaire.
Le Canard Enchainé poursuit son commentaire en évoquant l'expérience anglaise du "TGV britannique" entre Londres et le nord de l'Angleterre qui suscite l'intervention de Boris Johnson pour réviser un projet initialement évalué à 36 milliards de livres et qui s'annonce aujourd'hui à 106 milliards de livres!
Mais me direz-vous quelle relation avec nos affaires françaises?
Je reprends ici le GPSO (Grand Projet du Sud-Ouest), infrastructure ferroviaire à grande vitesse avec ses LGV Bordeaux-Toulouse et Bordeaux -Dax.
Il vient d'être remis en selle à mi-2021 par le premier ministre Jean Castex, après que le président Emmanuel Macron l'a enterré à l'occasion de l'inauguration de la LGV Bretagne-Pays de Loire le 2 juillet 2017.
Qui a dit que nos dirigeants ne changeaient pas d'avis !?
Mais voila dans la mouture actuelle du GPSO, si l'Etat fait promesse ( promesse n'est pas réalité) de financer la LGV Bordeaux-Toulouse à hauteur de 4,1 milliards d'euros (et seulement cette branche), il demande que les collectivités territoriales abondent aussi à ce financement pour 4,1 milliards d'euros. Je n'évoquerai pas ici l'annonce d'une aide de l'Europe à hauteur de 2 milliards d'euros qui, comme d'autres fois en la matière n'ont pas abouti (exemple LGV Tours-Bordeaux ou l'UE n'a participé que pour 0,7% du coût global) et relève de la propagande de quelques grands élus (Alain Rousset, Carole Delga...).
Le préfet d'Occitanie (E. Guyot) assisté de Guy Kauffmann harcelle les collectivités territoriales d'Occitanie et Nouvelle Aquitaine pour rassembler très vite (avant Noël 2021) les milliards nécessaires au lancement du GPSO.
Notons au passage que le périmètre initial annoncé par le premier ministre avec son financement étatique de 4,1 milliards d'euros ne s'adresse qu'à la seule LGV Bordeaux-Toulouse (avec en prime les AFSB et AFNT) mais pas à la branche sud-Gironde / Dax qui demanderait à elle seule 4 milliards d'euros supplémentaires.
FR3 Nouvelle Aquitaine rend compte des difficultés rencontrées dans la collecte des fonds
On retrouve là l'imbroglio entretenu par Alain Rousset qui voudrait persuader les collectivités territoriales (et l'Etat) de s'engager dès à présent sur cette branche alors qu'elle ne devrait être envisagée qu'au delà de 2030 .(cf. le rapport du Conseil d'Orientation des Infrastructures de 2013 ).
"Après en avoir longuement débattu, la commission estime majoritairement qu’il convient de phaser en deux le projet. La section Bordeaux-Toulouse, qui doit permettre de raccorder la 4ème ville de France au réseau ferroviaire à grande vitesse, devrait se concrétiser dans les meilleurs délais. S’agissant de la liaison nouvelle Bordeaux-Hendaye, les conditions de saturation qui sous-tendent sa réalisation et qui sont très fortement dépendantes de l’économie espagnole et de son recours au transport ferroviaire, ne devraient pas justifier un engagement des travaux avant 2030. Dans ce contexte, la commission retient dans le scénario n°2, en premières priorités, la réalisation de la section BordeauxToulouse et place en secondes priorités la section Bordeaux-Espagne. Toutefois, la commission considérant qu’elle ne peut être entièrement affirmative sur le moment à partir duquel il sera nécessaire d’engager les travaux de cette dernière section, elle a prévu une provision pour engager en tant que de besoin de premiers travaux. Dans le scénario n°1, eu égard aux financements disponibles et après analyse comparative des enjeux nationaux des différents projets, l’ensemble du projet est classé dans les secondes priorités. Aucune inscription en premières priorités d’une provision pour premiers travaux n’est prévue dans ce cas"
Les passes d'armes entre élus de la Métropole Bordelaise le 25 novembre dernier, et notamment les commentaires affutés et argumentés de Pierre Hurmic, viennent illustrer les risques de voir l'argent public des collectivités territoriales être englouti dans un puits sans fond comme nous le découvrons dans les exemples tirés du Canard Enchainé.
Le "PROGRES" à tous crins , quoi qu'il en coûte, pour gagner quelques dizaines de minutes de trajet entre métropoles, ne doit pas nous entraîner dans une gabegie financière, relayée par la création de nouvelles taxes pour les contribuables déjà lourdement imposés (carburant, électricité, gaz...).
Tous ces milliards devraient aller en toute priorité pour le social, la santé, la limitation des impôts et taxes sur nos concitoyens.
Nos élus actuels, et ceux qui viendront en lice prochainement dans les élections de mi 2022, doivent y réfléchir avant que la marmite sociale n'entre en ébullition.