Sud-Ouest, dans son édition du 1er avril et par la plume de Jean-Bernard Gilles, nous fait part une nouvelle fois de son analyse du dossier des LGV du GPSO, et plus particulièrement de son « casse-tête financier ».
Si Toulouse semble faire le forcing pour obtenir, coûte que coûte, la LGV en 2024 elle passe sous silence l’acrobatie que sous entend son financement en ces temps de disette budgétaire.
De plus on retrouve, pour ceux qui s’en souviennent, l’ancestrale rivalité qui anime les relations entre Toulouse et Bordeaux pour être le champion de la Guyenne et de l’Aquitaine. La séparation des régions et leur transformation récente vient certainement renforcer cette lutte à la « highlander ».
Toulouse lorgnant sur Bordeaux et son OIN Euratlantique tente de mettre les bouchées doubles dans les infrastructures immobilières censées accueillir la LGV à l’horizon 2024.
Rien ne dit toutefois que cela se concrétise car il faut trouver d’ici un ou deux ans la source de financement pour un projet global (Bordeaux-Toulouse et Bordeaux-Dax) qui avoisine 9,5 milliards d’euros (CE2013). Jean-Bernard Gilles évoque lui-même une facture à 10 ou 12 milliards d’euros au début hypothétique des travaux (2020 ?).
Alors on égrène une nouvelle fois les multiples « financeurs potentiels » d’un projet dont « le financement paraît bien problématique » et « la rentabilité socioéconomique insuffisante » comme le souligne la Commission d’enquête publique ayant rendu un avis défavorable sur ce projet le 27 mars 2015.
Comme le dit J.B Gilles « les caisses publiques se vident » et l’Etat, via l’AFITF, aura beaucoup de peine pour abonder au financement du GPSO avec déjà de nombreux projets lourds en cours (LGV Est, LGV Bretagne, contournement Nîmes-Montpellier, complétude de la Tours-Bordeaux, LGV Lyon-Turin…) pour plusieurs dizaines de milliards d’euros.
La Haute-Garonne, avec Toulouse en métropole, serait certainement ravie de voir la LGV arriver à l’horizon 2025-2030. Toutefois de tels investissements viendraient assécher les finances des collectivités territoriales et le département de la Haute-Garonne, par son président Georges MERIC prévient de suite : « Nous devions mettre 480 millions d'euros dans ce projet ferroviaire, mais ils seront infinançables demain », a clairement exprimé Georges Méric, le nouveau président du Conseil départemental de la Haute-Garonne, qui est loin d'être le Département le plus démuni de France ».
Et vient ensuite une évidence pour les collectivités territoriales échaudées par le contrat pour la LGV Tours-Bordeaux : « Il ne sera plus fait appel au financement de 58 collectivités locales comme pour la construction de la ligne Tours-Bordeaux. L'accord est unanime sur ce point ».
Si comme le rappelle la nouvelle présidente de région Carole Delga (Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées) « Nous voulons un pilotage public, c’est très clair » il reste à trouver 10 à 12 milliards d’euros auprès du privé, de fonds souverains, de fonds européens, la BEI…qui sont loin de couvrir le pot.
On parle même d’instaurer une taxe sur les poids lourds en transit international ; elle devra passer par une modification de la loi en France et cela rappellera à certains les péripéties de l’écotaxe poids lourds et son fiasco ! Pas sûr que les politiques échaudés repartent dans ce traquenard…
L’Etat a déjà dit qu’il ne pourrait pas abonder (via l’AFITF) de tels budgets et qu’il engageait les collectivités territoriales demandeuses de la LGV à sortir le carnet de chèque…
On sent bien au travers de ces discours que le nœud gordien passe par le financement et c’est ce qui risque bien de voir le château de cartes LGV s’effondrer.
Affaire à suivre. 4/04/2016