La propagande assénée par les journaux et les médias pour les lignes ferroviaires à grande vitesse (LGV), et son corolaire le TGV, inonde notre espace ces derniers temps.
Le prosélytisme pour la grande vitesse ferroviaire, et plus particulièrement pour la future LGV Tours-Bordeaux, émane prioritairement de la société LISEA, concessionnaire de cette infrastructure qui devrait être mise en service à l’été 2017.
Mais on aura noté depuis des années déjà qu’elle trouve des thuriféraires dans différents milieux auprès de responsables politiques ou économiques (Alain Rousset, Alain Juppé, Laurent Courbu…) et d’amplificateurs médiatiques comme les quotidiens Sud-Ouest ou la Dépêche.
C’est ainsi que ces derniers jours ces derniers affichent leur soutien avec force par des encarts publicitaires pleine page.
Le 31 janvier, dans sa rubrique « Les plus de Sud-Ouest » le qualificatif de « grand chantier » donné à la LGV Tours-Bordeaux, avec son décompte de longueur de ligne, d’ouvrages d’art, de millions de m3 déplacés…, entend magnifier un chantier et nous convaincre de son utilité publique.
Le Progrès sera en marche pour le bien de tous les citoyens.
Autre approche tactique de la part de LISEA dans Les Echos (édition du 2 février 2015) où le marketing, embelli par l’image d’une jeune femme type businesswoman, suggère la vitesse des liaisons entre Bordeaux et Paris pour rapprocher les élites circulatoires.
Mais voilà une lecture plus attentive et critique de cette annonce vient modérer l’enthousiasme du voyageur standard.
Première remarque peu flatteuse pour SNCF Voyageurs : aujourd’hui un train raté entrainerait un voyage repoussé d’une journée voire plus. Demain, avec la LGV de LISEA, un train raté ne serait plus un problème majeur pour la businesswoman qui verrait sa réunion de travail repoussée d’une demi-heure !
Rêve, pays de bisounours, mensonge éhonté d’un concessionnaire qui suggère que la SNCF n’est pas à la hauteur pour assurer un service public de qualité aux voyageurs.
Bien sûr certains peuvent témoigner des multiples défaillances du réseau ferré actuel et du service ferroviaire : retards, suppressions de rames, accidents… sont trop présents et pénalisent le voyageur.
Mais peut-on croire, comme l’écrit LISEA dans le même placard publicitaire, que demain, avec la LGV Tours-Bordeaux, les trains seront plus fréquents (et plus rapides…) ?
A-t-on oublié que depuis des décennies le réseau classique a été délaissé pour favoriser le réseau LGV, vitrine technologique de nos TGV ?
Les rapports Rivier de 2005 et 2012 ont clairement démontré que le manque d’investissement sur le réseau classique est la cause principale de sa détérioration qui conduit aux retards, incidents, accidents… qui ont frappé le service voyage de la SNCF depuis des années. Parallèlement la rentabilité des premiers TGV de la ligne Paris-Lyon-Marseille s’évanouit avec la multiplication des LGV/TGV aux quatre coins du territoire, objets du désir narcissique des élus locaux et marqueurs technocratiques pour les oligarques de gauche et de droite depuis des décennies.
Les multiples craintes actuelles des élus Picto-Charentais qui s’expriment ces temps-ci viennent contredire un avenir rose pour les usagers du rail dans ces régions.
La Région Aquitaine vient de dénoncer les modifications de circulation ferroviaire des TER décidées par SNCF qui n’a plus assez de rames pour toutes les lignes !
Mais les collectivités territoriales de Charente et Poitou craignent eux la suppression des trains desservant les agglomérations comme Angoulême, Châtellerault, Poitiers (et plus au sud Libourne) quand la LGV Tours-Bordeaux verra passer les TGV filant à 320 km/h. Après les agglomérations du Grand-Cognac et du Grand Angoulême le Conseil Général de la Charente devrait décider de suspendre le financement public de la LGV Tours-Bordeaux pour montrer son refus d’être sacrifié à la grande vitesse (cf. édition Sud-Ouest du 31 janvier 2015).
Marché de dupes cette LGV est un miroir aux alouettes et un totem du Progrès que nous dénonçons depuis longtemps comme un grand projet inutile et imposé (GPII).
Avec un coût final toujours pas figé (le contrat initial était sur une enveloppe de 7,8 milliards d’euros mais Guillaume Pépy lui-même évoquait il y a quelques mois les 10 milliards d’euros), et des défaillances notoires dans le financement public par les collectivités territoriales de plus en plus réticentes (région Poitou-Charentes, Landes, Pau, Grand-Angoulême…), cette LGV semble bien être le dernier mirage d’un système ferroviaire basé sur le tout LGV/TGV.
Gageons que nos (nouveaux) élus issus des prochaines élections départementales et régionales de 2015, sensibles à toutes ces alertes, sauront raison garder quand viendra dans quelques mois l’appel à financement pour le GPSO, projet non rentable qui devrait atteindre la bagatelle de 10 à 15 milliards d’euros au final dont plus de 50% de financement public (Etat et collectivités territoriales).
D’ici là nous ne manquerons pas d’alerter l’opinion publique sur des projets d’inutilité publique.
Pour LGVEA
Le président Jean-Robert Thomas